Boris Cyrulnik et la résilience

Introduction : malheur et résilience
C’est le second article sur Mindterview traitant d’un livre de Boris Cyrulnik. Dans le premier je vous présentais “les âmes blessées“, une partie des mémoires du neuropsychiatre, dans laquelle l’auteur aborde déjà la résilience.
Dans ce premier article, je vous annonçais que je présenterais également l’un des ouvrages phares de Boris Cyrulnik en matière de résilience, et bien le voici avec “Un merveilleux malheur” !
Cet ouvrage, tout comme “les âmes blessées”, est chargé d’émotion, l’auteur y intrique son expérience professionnelle et son expérience personnelle. Pour reprendre une expression que monsieur Cyrulnik affectionne particulièrement, ce livre est tricoté du premier au dernier chapitre.
Boris Cyrulnik
Pour ceux qui n’auraient pas lu le premier article sur le livre de Boris Cyrulnik, je vous remet ci-dessous la présentation :
Le docteur Boris Cyrulnik, né en 1937, est un neuropsychiatre français.
Il a exercé le métier de psychiatre donc, mais pas seulement, il est neurologue, a pratiqué la psychanalyse et fût directeur de recherches et chargé de cours en éthologie , une discipline passionnante qu’il affectionne particulièrement (voici le lien pour en savoir plus).
Il est bien-sûr écrivain et a été nommé en 2019, par le Président de la République, président du “Comité des 1000 premiers jours de l’enfant”.
Ce spécialiste médiatisé est connu et reconnu pour avoir étudié, vulgarisé et diffusé en France, la notion de résilience en psychologie.
J’ajoute en supplément de cette présentation que Boris Cyrulnik a une enfance chargée d’histoire. En effet, il est l’enfant de parents juifs russophones, immigrés en France dans les années 1930. Il est confié à un pensionnat durant la seconde guerre mondiale, puis recueilli et caché par une institutrice. Ses parents sont déportés à Auschwitz, il ne les reverra jamais. Lui-même est enlevé lors d’une rafle à Bordeaux, il réussi néanmoins à se soustraire aux ravisseurs et se cache. Il est sauvé par une infirmière et placé comme garçon de ferme.
Boris Cyrulnik confie lui-même que c’est cette enfance traumatique qui le poussera à devenir psychiatre. Ce qu’il explique en partie par la résilience.
La résilience
Dans le premier article je vous proposais une définition de la résilience :
“Aptitude d’un individu à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances traumatiques.”
(larousse.fr)
Dans cet article intéressons-nous plus aux origines du concept de résilience :
Tout d’abord les travaux autour de la théorie de la résilience sont fortement influencés par John Bowlby et sa théorie de l’attachement (1958). Pour en savoir plus sur ce pilier de la psychologie du développement je vous conseille vivement la conférence de la pédopsychiatre Nicole Guédenay sur le sujet (vidéo YouTube).
L’une des figures majeures du concept de résilience est la psychologue américaine Emmy Werner. Avec son équipe, elle a étudié, par le biais d’une recherche longitudinale (étalée dans le temps) ,une cohorte d’enfants ayant vécus des périodes traumatiques sur l’archipel d’Hawaï.
“Emmy Werner et son équipe ont remarqué qu’un certain nombre de ces enfants s’accommodaient de l’environnement défaillant en témoignant d’une adaptation sociale parfois remarquable. Ils ont été qualifiés de résilients.”
Anaut, M. (2015). La résilience : évolution des conceptions théoriques et des applications cliniques. (source cairn)

En France, plusieurs spécialistes ont consacré des travaux de recherche et des ouvrages sur la résilience, dont bien-sûr Boris Cyrulnik, en première ligne. Avec plusieurs livres publiés sur le sujet, comme “Un merveilleux malheur“, “La résilience ou comment renaître de sa souffrance” et “Résilience : connaissances de base“.
Un merveilleux malheur : quatrième de couverture
« On s’est toujours émerveillé devant ces enfants qui ont su triompher d’épreuves immenses et se faire une vie d’homme, malgré tout. Le malheur n’est jamais pur, pas plus que le bonheur. Un mot permet d’organiser notre manière de comprendre le mystère de ceux qui s’en sont sortis. C’est celui de résilience, qui désigne la capacité à réussir, à vivre, à se développer en dépit de l’adversité. En comprenant cela, nous changerons notre regard sur le malheur et, malgré la souffrance, nous chercherons la merveille. »
Chapitres abordés
Introduction :
– Où l’on s’émerveille de rencontrer des enfants qui triomphent de leurs malheurs
– Quand l’enfant blessé devient sujet de roman et objet de science.
– L’inégalité des traumatismes nous mène à penser que l’histoire n’est pas un destin.
– Le triomphe d’un blessé n’a jamais disculpé l’agresseur.
Chapitre premier : l’espoir inattendu
– Ce qui impressionne un enfant et reste dans sa mémoire ne veut rien dire pour un adulte qui invente son passé.
– Quand le réel est terrifiant, la rêverie donne un espoir fou […]
– Les orphelins ont, dans leur mémoire, des parents toujours jeunes […]
– Le survivant est un héros coupable d’avoir tué le mot.
– Quand la honte d’être heureux provoque des contresens, les enfants résilients volent au secours des faibles.
– Une idée neuve : la maltraitance.
– Premiers rendez-vous avec ceux qui s’en sont sortis.
– Un piège de l’observation directe : le fait que le résultat soir merveilleux ne veut pas dire que le cheminement n’a pas été douloureux.
– Le pouvoir façonnant du regard des autres.
Chapitre deux : Soleils noirs sans mélancolie.
– “Tous les chagrins sont supportables si on en fait un récit”.
– Le traumatisme direct laisse des traces dans le cerveau, mais elles sont réversibles. Alors que le souvenir est un récit d’alentour.
– La “rage de dire” permet de faire une autobiographie sans jamais écrire “je”.
– Au bonheur des faux souvenirs.
– Sans la mémoire des meurtrissures du passé, nous ne serions ni heureux ni malheureux, car l’instant serait notre tyran.
– Partager son malheur, c’est demander à nos proches de mener notre propre combat.
– La créativité serait la fille de la souffrance. Ce quine veut pas dire que la souffrance est mère de toutes les créativités.
– Rêver comme un fou pour combler la perte. Rêver ou mourir.
Mon expérience de lecture
Tout comme “Les âmes blessées”, j’ai ressenti beaucoup d’émotion à la lecture. Boris Cyrulnik entre en profondeur dans un sujet susceptible d’atteindre tout un chacun : l’enfance.
Il alterne récits personnels et observations professionnelles, avec l’œil du psychiatre qui a traversé les âges de la vie.
L’écrivain “tricote“, comme il aime à dire, et amène doucement mais sûrement le lecteur à imbriquer les causes et conséquences des traumatismes infantiles, ceux-là même qui mènent à la résilience, pour certains.
À l’instar des ouvrages que j’ai lu du même auteur, j’ai été pris dans le fil des récits et des exposés. Nous sommes bien en présence d’un ouvrage rigoureux, sur la psychologie humaine, mais il se lit presque comme un roman, je trouve ça fascinant, et passionnant !
Se procurer “Un merveilleux malheur” de Boris Cyrulnik
Si la présentation de l’ouvrage vous a donné envie de vous plonger dans cet ouvrage, je vous propose, comme à mon habitude, deux liens pour commander le livre sur Amazon, le premier version papier et le second en numérique.
Dites moi tout !
Que pensez-vous de cet ouvrage, vous a t-il apporté quelque chose, trouvez-vous Boris Cyrulnik aussi passionnant que moi ?
Je veux tout savoir !
On se retrouve vite sur Mindterview !
Prenez soin de vous 🙏